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16 juillet 2011

Tués dans l'oeuf

metro boulot dodo

   Les soirs où je n’ai plus une goutte de jus dans la cafetière, je m’applique en duo majeurs à tartiner mon vieux clavier monochrome d’un zest de sang-froid, histoire de se dire qu’on est encore un peu vivant. Je tapote à la lueur de ma dynamo quadragénaire, et sa lumière très ironique diffuse des notes aussi incohérentes que saccadées.  Mes leurres poursuivent  ainsi le tempo d’un ronronnement moite sur mon désert sexuel ; c’est Colomb qui meuble mon entrecuisse.

Je flash-back sur la tartufferie de mes ablutions quotidiennes, ça m’essore toute tension, ça m’rend beatnik dès que j’abandonne à la pointeuse ma panoplie de bouffon. Alors comme in convenu, je m’y cale très tôt le soir. Mon fauteuil fauve aux grandes oreilles de bois racornies étreint ma bouée de sauvetage échappée d’une noyade Titanesque, et là je me désimbibe des pas échoués dans mon cagibi cristallin, qu’on prend pour un théâtre toute la sainte la journée.

On m’a posé là, un jour de re-con version plante verte, pour drainer les réclamations. Rond, souple et adaptable au service public et non au service du public et de ses talents individuels.

Et pourtant, chacun à son heure n’hésite pas dans un moment d’égarement, à venir s’y perdre, y plonger corps et âme,  y cracher son venin, y dégouliner de honte, y écoper quelques flatteries. De plus, les quatre points cardinaux étant rivetés à mon bureau central, j’amasse, j’oblitère, j’éponge et trinque à tout mouvement désordonné de l’esprit décadent, du service commercial pernicieux en passant par la logistique déambulatoire, l’administratif jugulaire, le con et sa table au carré, le Manu tortionnaire des archives et Jean passe…

Je suis Le« D.R.H », Le « Défenseur et Réhabiliteur de l’Homo sapiens », le « Dépanneur en Recommandations Hasardeuses », bref, je suis le Digne Réceptacle des Humeurs.

Aujourd’hui, j’avais convoqué Mademoiselle H, à Futaie. Elle faisait un tabac au sein du service d’étage et il était temps de rencontrer cette nouvelle recrue qui perturbait la frigidité du service clitologique. 

-        Me voici en chair plus qu’en os ! me crachote sa voix grave.

-    Vous avez trouvé facilement ? Lui dis-je, l’air dégagé. 

Elle flotte, elle hésite ; en un mot elle est femme, blonde… Jean Racine le sujet et volte face sur celui qui me tien à cœur. Je m’impose en fervent défenseur de l’environnement tout en  comprenant sa nature artificielle, lui présente Pluto derrière le par-vents,  spécialiste des joutes linguales, fidèle collaborateur des détails juteux qui lui proposera des solutions diverses et avariées pour asseoir ses menus plaisirs.

 Pédante sur sa gauche, se vautre une boîte à suggestions, épinglée d’une liasse de papier recyclable où chacun peut se soulager de façon anonyme. En fond de bocal, une vitre blindée où ricane un portrait robot, format A3, avec son jeu de fléchettes pour les allergiques au bouleau. Au coin sofa, un cendrier réaménagé en crachoir à rumeurs, où l’on se doit d’écraser les bruits de couloirs et autres colis fichés, aux heures de pause.

 J’ai un cas particulièrement désespéré, c’est Jules, notre lustreur de cercueils à roulettes, posté au parking souterrain, sachant qu’il brou de noix à langueur de mains, je n’ai qu’une solution adéquate, attendre qu’une place se libère à la blanchisserie.

Pour Paul et Valéry actionnaires en herbe, je me délecte de leurs subtiles pensées qui me font halluciner périodiquement, me disant que pour neutraliser les capitaux qui partent en fumée il existe 7 plantes aux vertus… Et bla bla bla… 2 heures à planer sur nos nombrils, pour surtout ne rien changer. C’est vrai qu’après mûre réflexion, Dieu aurait pu le prévoir au milieu du front, pour mieux apprécier celui qui vous fait face.

 Dans l’enfilade, Bernanos du service financier m’avoua que son souci était aussi d’ordre économique et qu’il jugeait toujours plus rentable de spéculer sur les vices de l’homme que sur leurs besoins. Du coup j’ai supprimé la prime mensuelle d’Hô Chi Minh de la cuisine centrale, habilité à marchander la chair fraîche, car le prix de l’homme a encore baissé au fur et à mesure qu’on lui enlève ses libertés. 

L’état de santé de certains m’inquiète, tous déprimés, j’vous dis ! Jusqu’à Pierre d’ordinaire Gai luron qui à onze heures un peu, à midi passionnément, à une heure pris de folie vint me confesser que la veille il avait voulu se pendre au cou d’une grue, mais qu’il manquait d’entraînement.

- Que dois-je faire m’a-t-il demandé ?

- Persévère lui dis-je. Repen(d)s toi ! Tu vas finir par y arriver.

 

BA - juillet 2011

  

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